Adieu, fidèle compagnon de Noël...

L'heure est venue de se dire au revoir, mon beau sapin.

Depuis un mois, tu as chaleureusement égayé notre salon et nos soirées, brillant de mille feux, étincelant, charmeur. Mais les jours passent, tu t'en rends bien compte. Les choses ne sont plus pareilles ces derniers temps :

Tu dois de plus en plus protéger tes boules des attaques du chat (et dieu sait si elles peuvent être fragiles !), tu es sans cesse bousculé, déplacé. Les reproches fusent et te percutent de plein fouet, fatales : "oh, tu es encore pile dans mon passage !"; "Pfff, tu caches la TV, pousse toi !" ou bien "Qu'est-ce que tu es gênant devant la chaîne hi-fi !" (oui, dans un appartement, on est vite près de tout !).

Bref, tu ne te sens plus à ta place.

Tes aiguilles tombent, mélancoliques.

Ta neige fond et se répand au sol.

Tu baisses le nez, tous les jours un peu plus.

Il faut se rendre à l'évidence. Tu n'es plus choyé.

Tu sais ce qui t'attend. 

C'est le moment que j'aime le moins, après les fêtes. 

Mais il faut le faire, nous en sommes conscients tous les deux.

Je vais enlever une à une tes décorations, tes guirlandes, te dépouiller, te mettre à nu.

Ensuite, je rabattrai tes branches contre ton tronc.

Puis, d'un geste brusque, je t'étêterai, et te couperai le pied.

Je t'attraperai, déchiqueté et t'enfermerai dans l'obscurité et la solitude d'un carton, celui qui a passé tant d'années dans un grenier humide, chez mes parents. Celui qui a passé plusieurs mois dans une cave, enfoui derrière un tas de bric-à-brac. Celui qui, depuis un an, joue les gardes du corps devant notre porte d'entrée, à notre palier.

Non, mon beau sapin, je ne t'oublierai pas. Je te vois tous les jours lorsque je monte et descend les escaliers.

Et puis on se revoit dans un peu plus de dix mois, ce n'est pas si long...

A bientôt,

Kimie