Ma visite guidée de Bruxelles : entre Art Nouveau, Art Déco et sgraffites - Part I


Ca fait déjà quelques semaines que je n'ai pas honoré ma promesse de vous faire découvrir Bruxelles en long, large et travers : bouuuh, honteuse fille !

Je me rattrape, promis !

Cette semaine, nous allons commencer une balade qui va tourner essentiellement autour de l'architecture d'avant la première guerre mondiale : l'Art-Nouveau.

Il s'agit d'un art qui prend ses racines dans la nature, c'est pourquoi fleurissent les références à l'art floral, les lignes courbes, les animaux...

Deux architectes ont façonné cet art simultanément mais chacun de son côté en 1893 : Victor Horta avec un Art Nouveau floral, et Paul Hankar plus géométrique.

L'Art Nouveau est l'occasion de mettre en avant des techniques oubliées ou au contraire, complètement nouvelles. Par exemple, le travail du fer forgé, très présents dans les ferronneries des portes, des balcons, des grilles d'entrées.

Une technique inventée à la Renaissance italienne est également remise au goût du jour, à cette époque : le sgraffite.

Tout est né d'une volonté du roi de l'époque Léopold II ( alias le Roi Bâtisseur) d'embellir la ville. Il organisa plusieurs concours de façades d'une part, et d'autre part demanda aux habitants d'embellir leurs propres façades. Certains utilisèrent la mosaïque, d'autres la céramique. Mais la technique la moins chère était le sgraffite.
Pour créer un sgraffite, rien de plus simple : recouvrir la brique d'un mortier noir, puis d'un mortier clair. Avant que ce dernier ne soit sec, l'inciser suivant les motifs choisis pour faire apparaître le mortier noir, puis peindre l'intérieur des motifs.
Le seul défaut du sgraffite : il ne résiste pas vraiment au climat humide de la Belgique... C'est pourquoi certains sont très abîmés alors qu'ils ont à peine une centaine d'années. C'est pourquoi également les architectes ont essayé dans toute la mesure du possible, de placer leurs sgraffites sous des balcons ou des corniches, afin de les protéger des intempéries.

Allez, stop au blabla, et place à la visite !


1) Commençons Rue Américaine par la maison personnelle de Victor Horta. Si vous avez l'occasion de visiter ce musée-maison, n'hésitez pas, l'intérieur vaut le coup d'oeil. Et avec un guide, c'est encore mieux ! Victor Horta ne dessinait pas seulement la façade d'une maison, mais absolument tout : de la rampe de l'escalier aux serrures des portes, en passant par les broderies des serviettes de table ! Bluffant !
Admirez le travail des ferronneries des fenêtres du rez-de-chaussée et du balcon tout en haut, entre fleur et papillon, le mélange pierre-acier entre le 1er et le 2ème étage.


2) Juste après le Brico, au 229 de la Chaussée de Charleroi, une maison décorée de haut en bas de motifs géométriques en sgraffites, très impressionnante.



3) Dans la rue Faider, au numéro 10, se trouvent les plus anciens sgraffites de Bruxelles, de 1882. Assez abîmés, on devine à peine ce qu'ils représentent, en l'occurrence Athéna (le médaillon) et le char de Neptune (la fresque).

 

Ici, pas encore d'art nouveau. L'ensemble est plutôt d'inspiration florentine, ce qui est plutôt rare à Bruxelles.

4) En avançant dans la Rue Veydt, on aperçoit au loin un mirage d'or. Non, vous ne rêvez pas : il s'agit de la façade de la maison Ciamberlani (48, rue Defacqz), et de son énorme fresque en sgraffite.
La maison Ciamberlani, du nom du propriétaire, peintre qui a dessiné les motifs du sgraffite, est une pure merveille de l'Art-Nouveau.
Admirez les courbes des fenêtres, la géométrie de la corniche. Un parfait exemple de maison réalisée par Paul Hankar en 1897.
La fresque symbolise (entre autres) les différentes étapes de la vie. A gauche, la vieillesse. Au centre, la remise du flambeau entre l'homme adulte et son enfant. A droite, la famille.
On peut aussi y voir la symbolique des saisons dans le grand arbre au centre, un poirier. A gauche, l'hiver, il a perdu ses feuilles. Puis l'automne, plus à droite, avec les feuilles qui tombent. Puis l'été et le printemps avec les fleurs que cueille l'enfant à droite du sgraffite.
Les paons au centre sont un motif très répandu au début du XXème siècle. Ils représentent notamment la renaissance.
Et enfin, derrière l'homme du milieu, on aperçoit une ruche. Je crois que Ciamberlani était apiculteur amateur. En tout cas, cette ruche symbolise le travail.
En 1927, la façade a été remaniée par un architecte Art Déco (dont je parle au point suivant), Adrien Blomme, afin d'intégrer une porte de garage. 
Mais il n'y a pas que la façade qui a été modifiée ! Tout l'intérieur a été revu pour être à "la mode" de l'époque Art Déco. D'où une certaine perplexité des propriétaires d'aujourd'hui : que conserver de Blomme ? Que réintégrer de Hankar ?

5) Au n°14, jetez un coup d'oeil sur l'hôtel Wielemans, imposant bâtiment de style Art Déco. 
Pour situer l'Art Déco, on peut dire qu'il s'agit plus ou moins de l'évolution du style Art Nouveau géométrisé à l'extrême. L'Art Nouveau en tant que tel a complètement disparu après la 1ère guerre mondiale, au profit de cet art moderne qu'était l'Art Déco, aux lignes simples, pures, dépourvues de tout artifice.
Concernant cet l'hôtel, il a été réalisé en 1925 par un maître en la matière, Adrien Blomme, et est d'inspiration andalouse, pour plaire à la maîtresse des lieux, la femme du brasseur Wielemans qui avait une grande passion pour l'Espagne.



Allez, je vous ai assez saoulés pour aujourd'hui ! Suite de la visite la semaine prochaine !

Commentaires

  1. Merci de m'avoir fait découvrir une ville que je ne connais pas du tout et fait apprécier un art qui de prime abord ne me plait pas vraiment.
    Les photos sont magnifiques. Cela me donne envie d'aller passer un week-end à Bruxelles. J'attends la partie 2 avec impatience.
    Belle journée

    Linette

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  2. Voilà un reportage comme je les aime et qui apporte une pierre à mon édifice si j'ose m'exprimer ainsi... Oui, car en temps qu'entrepreneur en batiment, et voué aux ravalements de façades pour partie, je ne connaissais le sgraffite. Je vais aller de ce pas demander à Google de m'en dire davantage car la mode en matière de rénovation est aux techniques anciennes. Ne pas avoir l'air bête si on m'en parle.
    Merci beaucoup pour ce billet et bises

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  3. Ces façades sont de vraies petites merveilles, et dire que je n'y avais pas prêté attention lorsque je suis allée à Bruxelles...

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  4. La vache, magnifique travail de recherche !!

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  5. merci pour ce superbe article, c'est mon ancien quartier et c'est vrai qu'il est superbe
    es-tu déjà allée jusqu'à la rue vandenschriek, un peu plus bas que la barrière de st gilles, là ou se trouve le bistrot "la porteuse d'eau" au coin de la rue ? la rue en elle même est toute petite mais toutes les façades ou presque valent le déplacement
    mon ex patron était membre de la Commission Royale des MOnuments et Sites, il est architecte, alors tout cet univers me parle bien évidemment et que dire à part que j'aime !! bisous, a bientot

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